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Avril dresse un premier bilan positif de sa reprise de Metex

Jean-Philippe Puig, DG du groupe Avril (à g.), et Eddy Feijen, président d'Eurolysine, lundi 13 janvier, sur le site de production d'Amiens (Somme).

Le groupe Avril va investir 130 M€ sur cinq ans, dont 20 M€ en 2025, pour moderniser Eurolysine, nouveau nom de l’usine Metex de fabrication d’acides aminés qu’il a rachetée en juin 2024.

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Six mois après la reprise par le groupe Avril de Metex, un premier bilan du plan stratégique de redressement a été présenté, lundi 13 janvier, sur le site d’Amiens (Somme), en présence des acteurs locaux et des élus. Rebaptisée Eurolysine (nom historique), cette entreprise datant de 1976 est la dernière en Europe à fabriquer des acides aminés par fermentation, notamment la lysine, à destination de l’alimentation animale. Elle est détenue à 55 % par le groupe Avril et à 45 % par le fonds d’investissement SPI (géré par Bpifrance pour le compte de l’État).

Ce premier bilan est en ligne par rapport aux objectifs indiqués en juillet 2024, même si beaucoup reste encore à faire. Pas moins de 130 M€ vont être investis d’ici 2030 pour redresser les activités de Metex, qui avait perdu 70 M€ depuis trois ans. 6 à 7 M€ ont déjà été injectés et 20 M€ vont l’être en 2025. Avec notamment comme objectif d’améliorer l’efficacité énergétique du site d’Amiens de 40 ha.

« Nous souhaitons réduire notre empreinte carbone de 30 % d’ici 2030 », a indiqué Eddy Feijen, président d’Eurolysine depuis septembre 2024. Eurolysine va par ailleurs augmenter ses capacités de production à 100 000 tonnes dès 2025 contre 30 000 t sous l’ère Metex. Elle a aussi créé un nouveau service innovation en lien avec le site de recherche et développement de Saint-Beauzire dans le Puy-de-Dôme (également repris par Avril), et lancé un plan de recrutement (35 embauches sont attendues en 2025). Le groupe Avril entend atteindre l’équilibre financier dès 2025.

Contrats d’approvisionnement locaux

« Nous avons également remis en place des contrats d’approvisionnement avec des partenaires locaux », a précisé Eddy Feijen. Ainsi, 80 % de ces approvisionnements parcourent moins de 300 km, dont la moitié moins de 150. C’est le cas notamment pour le sucre, dont le prix est aussi un enjeu majeur pour ce site industriel. Eurolysine représente en effet 4 % du marché français en sucre. Un contrat sur trois ans a été signé en 2024 avec les différents sucriers (Tereos, Cristal Union et Saint Louis Sucre).

« Il nous reste encore deux ans et demi pour travailler avec nos fournisseurs afin de trouver les moyens de stabiliser cette usine. Nous ne pouvons pas tout mettre en contrat spot », considère Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril. Eddy Feijen appelle de son côté à faire évoluer l’organisation commune du marché du sucre.

Taxe anti-dumping sur la lysine

Jean-Philippe Puig a rappelé l’importance d’avoir repris ce site industriel. L’utilisation d’acides aminés dans l’alimentation animale est en effet un levier important de décarbonation de la filière d’élevage. « L’empreinte carbone de la lysine française est cinq fois plus basse que sa concurrente chinoise », précise Eddy Feijen. Grâce, notamment, à l’utilisation de sucre local. « Nous avons un autre enjeu, celui de la souveraineté alimentaire en France et en Europe », soutient de son côté Jean-Philippe Puig, pointant du doigt les pratiques de dumping de la Chine, l’autre grand fournisseur en acides aminés, qui a cassé le marché mondial. « Sans acides aminés pour l’alimentation animale en France et en Europe, nous devrions importer davantage de soja », insiste le directeur général d’Avril.

Ce dernier s’est ainsi félicité de l’entrée en vigueur, ce mardi 14 janvier, au niveau européen, d’une taxe anti-dumping provisoire entre 55 et 80 % (selon les fournisseurs) sur la lysine chinoise, à la suite d’une plainte de Metex. Cette taxe doit être confirmée par Bruxelles d’ici juillet prochain. « Cela ne va pas empêcher la Chine de vendre de la lysine, mais l’instauration de cette taxe va rééquilibrer le marché », estime Nicolas Martin, directeur du développement durable et des affaires publiques chez Eurolysine. « Le rétablissement d’une concurrence loyale avec la Chine est nécessaire pour reconquérir nos parts de marché », a insisté de son côté Eddy Feijen. Eurolysine a par ailleurs déposé une plainte à Bruxelles concernant le dumping de la Chine sur la valine, un autre des six acides aminés produits à Amiens. Une commission d’enquête a été ouverte le 19 décembre dernier. En deux ans, la Chine a quasiment multiplié par trois ses capacités de production de valine.

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